À ce temps-là, on se représentait la Terre sous la forme d'un disque, divisé en deux parties égales par la Mer (que nous appelons actuellement Méditerranée) et par, d'abord, l'Axine (mer Noire), qui signifie mer Inamicale, et plus tard, lorsqu'elle leur devint plus familière, l'Euxine (ou Pont-Euxin), qui signifie mer Amicale. La terre était entourée par un fleuve immense, Océan (ou Océanos).
Sur son rivage le plus éloigné, vivait un peuple étrange, les Cimmériens. C'était une contrée enveloppée de brumes et de nuages, où jamais le soleil ne se levait, plongée dans une nuit éternelle.
Excepté cet étrange peuple, tous ceux qui vivaient au-delà d'Océan baignait dans un bonheur extrême. Plus éloigné encore que le Nord le plus lointain, derrière Borée, le Vent du Nord, se trouvait le pays enchanteur des Hyperboréens. À part quelques personnes chanceuses, personne n'avait jamais mis les pieds dans ce lieu idyllique. Les Muses vivaient non loin de ce peuple privilégié.
Au Sud le plus extrême, vivaient les Éthiopiens. Ils étaient tellement aimé des dieux, que ceux-ci n'hésitaient pas à s'assoir parmi eux au cours de leur festins.
Le séjour des ombres des justes se situait sur, je suppose, la rive ouest d'Océan. L'hiver y était doux, il n'y neigeait ni n'y pleuvait jamais et Zéphyr (Vent d'Ouest) soufflait une mélodie douce et émouvante pour consoler les âmes des hommes. Là venait, après la mort, ceux qui s'étaient gardés purs de tout mal.
Ils sont pour gaie compagne,
La vie à jamais libérée de labeur,
Jamais plus leurs fortes mains ne creuseront la terre ou la mer,
Peinant pour leur arracher une nourriture qui ne rassasie pas.
Parmi ceux que les dieux honorent ils vivent à présent
Une vie qui ne connaît plus de larmes.